Ces dernières années, les amateurs de survival horror ont pris leur mal en patience. La faute à une tendance prônant un mélange d’horreur et d’action, où les combats prenaient le pas sur tout le reste. Ce fut le cas de la série Dead Space. Le premier épisode, terrible pour les nerfs, a laissé place à deux suites nettement plus tournées vers les gunfights. Et forcément, lorsque nous avons appris que le maître en la matière, Shinji Mikami, remettait le couvert, on avait de quoi être impatients. Au final, The Evil Within est une véritable descente aux enfers, portée par une ambiance effroyablement stressante. Si vous n’êtes pas du genre à vous coltiner ce genre de titres, vous pouvez passer à côté sans sourciller. En revanche, si vous voulez revivre des sensations à laResident Evil 4 avec une atmosphère à la Silent Hill, c’est le moment de foncer !

Rarement un jeu n’est allé aussi loin dans le gore et le malsain. C’est même franchement crade par moment, si bien qu’il m’est arrivé à plusieurs reprises de poser ma manette. Juste le temps de respirer un court instant, avant de repartir de plus belle. The Evil Within est un titre qui tire sa patte visuelle de ses incroyables effets d’atmosphère. Lorsque l’on regarde de plus près, on se rend compte que le titre accuse son âge par certaines textures et son animation globale. Il faut dire que le développement a débuté il y a plus de trois ans (quatre ans que Tango Gameworks existe). Et pourtant, la magie opère grâce à de sublimes effets de lumière, de fumée et d’ombre. Quant au format cinémascope, il diminue l’écran mais s’adapte parfaitement au concept cinématographique de la galette.  Il faut aussi saluer la volonté des développeurs de nous faire traverser des décors variés. On s’en rend compte lors du premier chapitre (complètement dingo) mais encore plus par la suite avec des environnements qui évoluent sans cesse. Ce qui est génial, c’est de pouvoir toucher du doigt de multiples références du genre horreur, à commencer par les deux ténors que sont Resident Evil et Silent Hill. Entre le métro, la campagne, le village, le bord de mer (ou lac), la ville dévastée ou l’hôpital psychiatrique, on en prend vraiment plein la tronche. Bref, c’est cradingue, techniquement imparfait (merci le patch qui a corrigé la fluidité de l’animation au passage) mais c’est beau !

 

La descente aux enfers

Quelle galère ! On n’aimerait vraiment pas se retrouver dans la peau de l’inspecteur de police Sebastian Castellano. Alors qu’il se rend à l’hôpital psychiatrique de Beacon, théâtre d’homicides, il se retrouve plongé dans un véritable cauchemar. Sur place, il rencontre un certain Ruvik, un être surnaturel aux pouvoirs venus d’outre-tombe. Dès lors, plus rien ne sera comme avant. Et soyons clairs, au départ, on est complètement paumé ! On ne sait vraiment pas ce qui nous arrive, tant les évènements s’enchaînent à une vitesse presque surréaliste. Et puis, petit à petit, l’histoire se met en place et on plonge dans l’ambiance. Forcément interdit aux moins de 18 ans, The Evil Within est un jeu généreux mais aussi parfois terrible pour les nerfs.  Le titre de Bethesda s’apparente à un TPS (vue à la troisième personne) avec une caméra à l’épaule. En ce qui concerne la progression, il est préférable de privilégier l’infiltration. Le jeu permet de s’accroupir et c’est en général la solution à adopter. Sauf lorsque le combat est inévitable. Lorsque vous approchez d’un ennemi qui est sur le qui vive, une icône sous forme d’œil apparaît en haut de l’écran. Dès que vous êtes repérés, l’œil est grand ouvert et vous n’avez plus qu’à lutter ou fuir. Heureusement, vous pouvez vous planquer (sous des lits ou dans des armoires) ou utiliser des pièges (que vous aurez ramassé au préalable) qui vous sont destinés. Dans l’ensemble, The Evil Within est un jeu difficile, très « die and retry« .

 

Un univers bien amené

Ce qui est appréciable avec The Evil Within, même s’il est vraiment costaud, c’est sa manière de faire progresser le joueur. Par exemple, dans le troisième chapitre, vous devez casser une chaîne qui retient le portail fermé d’un village. Pour passer, il faut alors se rendre dans la grange et chauffer un peu la créature enchaînée qui n’arrête pas de beugler. A l’instar de Resident Evil 4, cette dernière fait office de boss puisque vous devez ensuite récupérer la tronçonneuse qu’il utilise pour vous transformer en charpie. Les références à la Shinji Mikami sont ultra nombreuses et les puristes se feront un malin plaisir à découvrir tous les clins d’œil. Difficile mais prenant, le dernier né du réalisateur japonais se termine en une vingtaine d’heures. Si le rythme peine à tenir la distance sur l’ensemble du jeu (surtout à la fin), il faut reconnaître qu’on a du mal à lâcher la manette, même si certains passages sont vraiment à se tirer les cheveux. L’arsenal que l’on vous propose est assez conséquent et l’arbalète Agonie, capable de tirer diverses flèches (électriques, explosives, glaciales, etc.) vous sera d’un grand secours. Mais attention, les munitions se font rares et il est indispensable de viser la tête des ennemis pour éviter le gaspillage. Vous pouvez aussi utiliser les pièges ou enflammer des flaques d’huile. Vous pouvez aussi vous faufiler par l’arrière et leur coller un bon couteau dans la tronche. Plusieurs approches sont possibles et on sent que les développeurs ont pris le temps de peaufiner legameplay. C’est juste dommage que les animations soient un peu rigides et que la difficulté soit finalement assez mal dosée.