La condition de dinosaure, ce n’est pas simple. En plus d’être le dernier représentant de son espèce, le petit père Yoshi doit se trimballer avec un tarin gros comme un ballon de baudruche. Cerise sur le pif, le pauvre animal doit se contenter d’un rôle de second-couteau dans la plupart des aventures, en se faisant voler la vedette par un moustachu en salopettes de la vieille école. Des fois, on le plante dans un kart ou sur un parcours de golf, et c’est à peu près tout. Mais cette fois, le petit Yoshi (au Japon, c’est un mot utilisé – on dit aussi Yosh – pour exprimer une satisfaction du style « Bien » ou « Super » !) est le héros de sa propre aventure ! Et ouais, œil pour œil, nez pour nez !
Chose amusante (enfin, cela dépend de quel point de vue on se place), ce Yoshi’s New Island n’est pas un titre développé par les sbires de Nintendo. Il s’agit d’une production made in Arzest, un petit studio japonais fondé en 2010, à qui l’on doit Wii Play Motion. Mais surtout, cette petite équipe regroupe des membres phares de l’époque bénite des années 90 de SEGA. En effet, paradoxe parmi les paradoxes, ce Yoshi’s New Island est conçu par Naoto Ôshima (qui n’est autre que le créateur attitré de Sonic, n’en déplaise à Yûji Naka) et par d’anciens pontes du studio de la Team Andromeda. Se retrouver à bosser sur un jeu de dino quand on s’est tapé plusieurs aventures à dos de dragon (la série Panzer Dragoon), c’est finalement une suite assez logique (ou pas).
Qui cigogne s’y pique
Que les plus vieux de l’assemblée lèvent les mains (ou les déambulateurs) !Yoshi’s New Island est forcément un titre qui dira quelque chose aux futurs fripés du numérique que nous sommes. Il s’agit d’un reboot d’une cartouche parue en 1995 sur Super Nintendo : Super Mario World 2 – Yoshi’s Island. C’est donc sans surprise qu’on retrouve une variante du pitch de l’original. Dans la catégorie des transporteurs les plus pourris qui existent, la cigogne se pose comme l’une des grandes championnes. Parti livrer deux beaux bébés (en l’occurrence Mario et Luigi), cette dernière n’a rien trouvé de mieux à faire que de se manger ce satané Kamek, le sorcier des Magikoopas. Il faut dire que l’affreux se méfie des rejetons qui, une fois l’âge adulte atteint, peuvent devenir de vraies plaies pour Bowser et les siens. Bref, tout ça pour dire que l’ennemi parvient à mettre la main sur Bébé Luigi, tandis que bébé Mario se retrouve télescopé dans le clan des Yoshi. Il n’en faut pas plus pour que ce soit le début d’une formidable épopée à dos de dino, dans l’objectif de faire taire ce vieux schnock de Kamek et de retrouver Bébé Luigi.
22, vl’a les Zoeufs !
Comme dans l’opus 16 bits, Yoshi’s New Island s’apparente à un jeu de plateforme et prend donc ses distances avec l’épisode DS pour ne citer que lui. A chaque niveau, son dino ! Les Yoshi se relayent et doivent traverser des niveaux infestés d’ennemis en tout genre, chaque environnement ayant son propre thème graphique. Là, pas de doute, on est en territoire conquis : l’aventure s’avère très linéaire et ne prône pas une originalité folle. Il est toujours question d’éviter que le bébé se fasse la malle. Lorsque vous êtes touchés, Bébé Mario s’envole dans une bulle en hurlant et un compte-à-rebours se déclenche. A la fin de celui-ci, les sbires de Kamek s’emparent du nourrisson. On retrouve d’ailleurs le gameplay qui a fait le succès de Super Mario World 2, à savoir cette utilisation constante des œufs. Chaque fois que le dino gobe un ennemi, il peut pondre un œuf dans la foulée. En plus d’être très pratique pour se faire une omelette (et dire qu’on est dubitatifs lorsqu’on mange quelque chose qui sort de la bouche d’un animal – genre de la langue de bœuf -, huuum…), ces items sont de parfaits projectiles. Tout dans le jeu ou presque gravite autour de cette idée : vous allez en lancer des œufs ! Jusqu’à six œufs peuvent être créés et le lancer se matérialise sous la forme d’un tracé qui permet de visualiser la trajectoire. Yoshi peut également se farcir de gros ennemis (la langue reste agrippée à l’ennemi et il faut tapoter plusieurs fois sur le bouton pour gober l’affreux), ce qui a pour effet de créer un œuf gigantesque qui défonce tout sur son passage. Il y a même des œufs géants (Méga Destruct’oeuf qu’ils appellent ça) en métal ! Plutôt cool ! A noter que la couleur des œufs a son importance. Les verts donnent une pièce, les jaunes trois, les rouges deux et enfin les violets donne une pièce rouge. La maniabilité, très classique, offre par ailleurs quelques éléments sympatoches.
Si tu vomis, vomis là-dedans
Yoshi et ses compères ont la faculté de se métamorphoser en différents modes de transports et autres objets. De la montgolfière à l’hélicoptère en passant par le marteau piqueur, le chariot de mine, le bobsleigh ou encore le sous-marin, il y a de quoi faire ! Pour exploiter ces transformations,Arzest a eu la bonne idée d’utiliser les différentes fonctionnalités de la portable, donc le fameux gyroscope. Pas de quoi couper des ronds de chapeau (ça, c’est de la bonne expression franchouillarde) mais ces options sont appréciables dans une progression qui se veut très linéaire. Un peu comme le corps des mannequins « sac d’os » que l’on peut voir sur les pubs d’aujourd’hui. Yoshi’s New Island, c’est un peu le contraire de cette tendance : de la bonne chair bien dodue. Bien que l’aventure soit assez facile, sa durée de vie est plutôt correcte. D’autant plus qu’il y a une section multijoueur !
1 + 1 = 6
Je n’ai jamais été bon en maths (c’est le peu de le dire, si j’en crois le 1.5/40 obtenu lors du brevet blanc… que voulez-vous, ma calculatrice m’avait lâchée) mais les modes multi de Yoshi’s New Island apportent un peu de fraîcheur supplémentaire. Bon, il ne faut pas s’attendre à des chefs d’œuvre, hein. On y trouve les modes suivants : Coquilles d’Elite (il faut faire éclater un maximum de ballons), La Grande Gobée (il faut gober un max d’ennemis), Objectif Tulipe (il faut envoyer les Koopas dans les tulipes et récupérer les étoiles), Voltige Extrême, Rodéo sur ballons et enfin Voltige Fortune. Différentes commandes sont sélectionnables et il y a de quoi passer un bon moment. Nous avons pu essayer les trois premiers modes avec une seule cartouche (une bonne initiative !) et ça fonctionne plutôt pas mal. Les autres modes se déverrouillent par la suite. Seul problème, on en fait très vite le tour et il faut admettre que la replay value est somme toute limitée. Mais la tentative est appréciable.
Arzest de citron
En farfouillant sur les forums de France et Navarre, il n’est pas rare de voir des personnes déçus par les graphismes de Yoshi’s New Island. Et là, on a envie de dire, enlevez les œillères les mecs ! Oui, c’est une certitude, le style 3D (la stéréoscopie fonctionne plutôt bien d’ailleurs) a un peu moins de charme que l’épisode paru sur Super Nintendo. Mais sorti de là, le design ultra craquant, les décors variés et vivants et les animations toutes plus réussies les unes que les autres font le taf, quoi ! Si ce titre est moche, alors il y a un sacré paquet de jeux supra horribles dans le commerce. C’est mignon, coloré et les musiques sont plaisantes (quoique pas assez variées et surtout peu nombreuses, et ça risque de faire grincer des dents). Il ne manque pas grand chose pour que Yoshi’s New Island atteigne le rang de jeu du moment sur 3DS. Peut-être un peu plus de challenge et surtout une prise de risque plus marquée. L’originalité est assez transparente par rapport à l’opus de 95 et la linéarité omniprésente.